Nicolas Sarkozy ressent-il une certaine fascination face à la gauche, ou, en tout cas, face à cette partie de la gauche qu’il a décidé d’intégrer dans « son » gouvernement ? A l’évidence, oui.
Jacques Attali, ami de vingt-cinq ans du nouveau Président, confie à quel point ce dernier était admiratif de François Mitterrand. Nicolas Sarkozy aime cette gauche dont l’audace réformatrice peine à s’affranchir du surmoi marxiste.
Les querelles paralysantes à gauche lui ouvre un champ d’exploration sans fin. Enferrée dans des batailles moyenâgeuses sur la définition de son projet pour les vingt ans à venir, empesée par le poids des baronnies locales, vieux reste de l’artificiel dogme démocratique du choix militant (le poids des cartes), prise de vitesse par la modernité sociétale de Nicolas Sarkozy, n’hésitant pas à donner une réelle visibilité à la France telle qu’elle est, la gauche socialiste risque de causer de nouvelles désillusions dans les prochains mois tant qu’un discours fondateur, déclic, ne produira pas le même effet mobilisateur que les gages donnés par Nicolas Sarkozy à la performativité de cette diversité.
Dans son for intérieur, Nicolas Sarkozy sait que le réformisme de gauche est soluble dans un programme qui ne renierait pas ses fondations libérales. Pour lui, l’opposition droite-gauche est en phase de disparition. Sur les principaux sujets de société, des convergences se dégagent, au-delà même des discours qui peuvent crisper les oppositions.
Cette voie étroite, choisie contre son propre camp, dont certains manifestent une sonore mauvaise humeur, est celle de la triangulation : aller chercher chez son adversaire des idées et des personnalités pour les incarner qui ne modifient en rien le socle du projet présidentiel (il suffit de comparer les programmes présidentiels pour identifier de nombreux consensus sur de nombreux sujets).
Il ne s’agit pas de cautionner le débat tendant à prouver que la droite et la gauche disent la même chose. Mais plutôt de démontrer que la réussite d’une politique ne passe pas par l’opposition entre deux camps. Nicolas Sarkozy mise sur le pari suivant : les Français ne sont plus attachés à la sacralité de l’opposition politique et pressentent intuitivement qu’une politique centripète est plus efficace qu’un enfermement idéologique.