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Archive for juillet 2007

photo.sohu.comSi Dieu existe, il s’ennuie ces dernières heures. Il vient de rappeler Serrault, Bergman et Antonioni en l’espace de vingt-quatre heures. Des petits bouts de mémoire arrachés du présent qui ont déjà tant fait pour donner à l’humanité des raisons de ne pas désespérer. Les pauvres humains qui restent en bas n’en ressentent pas d’amertume : la mort surcharge le champ de la vie. L’industrie se chargera de nous fournir des compilations nostalgiques. Et l’automne au coin du feu crépitera avec talent. C’est ce qui fait la différence entre les grands hommes et les anonymes : ils nous ont tellement aidé à contourner la peur de la mort que leur mort n’en devient qu’anecdotique. Le cinéma, c’est la vie que nous n’aurons pas. C’est l’indifférence au réel, ce qui en fait un art révolutionnaire. Si vivre, c’est apprendre à mourir, ces trois grands noms du cinéma sont des bienheureux.

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www.agoravox.fr/IMG/Sarkozy_manager.jpgLa stratégie d’ouverture de Nicolas Sarkozy révèle une ambiguïté fondamentale du débat démocratique : la mise à nu de l’artificialité des antagonismes martelés lors des campagnes électorales. Si l’ouverture est si facile à mettre en œuvre, c’est parce qu’elle s’appuie sur un non-dit souverain : au-delà des démarcations sur le bien-fondé d’une politique, les Français ont l’intime conviction que la monochromie programmatique dessert les intérêts collectifs de la France.

Certes, une action politique ou sociale s’arrime au corpus d’une école de pensée dont les racines dessinent une appartenance politique. Mais, pour une grande majorité de Français, cette unilatéralité idéologique, siège d’une seule et unique vertu agissante, n’a plus cours. Pis encore, elle est dangereuse. Ce ne sont plus l’UMP ou le PS qui détiennent les clés d’une réussite politique, mais un peu des deux. Et la présidentialisation rampante de nos institutions va, de fait, renforcer ce mode de gouvernance.

Bien entendu, il existera toujours des campagnes électorales, où la part démagogique (une forme de scénarisation du culturisme idéologique) se taillera une place toujours importante, mais les futurs vainqueurs à la conquête du Graal présidentiel seront ceux qui, à l’évidence, auront su faire résonner dans leur campagne la douce mélodie syncrétique.

Le comportement électoral des Français s’apparente de plus en plus à un consumérisme durable. Ces derniers ont universalisé d’une certaine manière le rapport qu’ils entretiennent avec un élu de proximité. Qu’un élu soit de gauche ou de droite relève de plus en plus de l’anecdote, pourvu qu’il soit habité par le bon sens, que les équipements publics répondent aux attentes, que les rues soient propres, que les problématiques sociétales soient inscrites dans des réponses ajustées aux craintes d’un pays qui craint plus la mondialisation que la Chine ! C’est ce besoin de maternage, de réassurance à travers un projet réunificateur que les Français apprécient dans le comportement stratégique de Nicolas Sarkozy. Et contrairement à ce qui est dit, le dépeçage en règle du PS est plus une chance pour ce dernier que le contraire puisqu’il va activer la nécessité d’un élan refondateur au sein d’un parti dont le logiciel n’a pas seulement dysfonctionné mais a été purement et simplement volé.

La seule question haletante aujourd’hui est la suivante : ce pari de l’œcuménisme parviendra-t-il à trouver sa matérialisation resplendissante dans les faits ? Le pari de la mixité idéologique est-il jouable dans une confrontation de partis menacée par l’effacement des distinctions ? Nicolas Sarkozy ne fait finalement que préempter une révolution mentale de la pensée politique de la France, rendue possible par l’échec du crypto-marxisme et la dureté doctrinale de l’hyperlibéralisme.

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libertedexpression.skynetblogs.beLa funeste ambition du terrorisme mondialisé est d’insécuriser tous les coins du monde pour faire des touristes occidentaux des cibles privilégiés. Sur ce point, l’Internationale a échoué puisque le chantage à la peur, que ce soit du côté des autochtones ou de celui des touristes, n’influe que très modérément sur le comportement de la société du loisir. La menace terroriste appartient désormais aux classiques du fatum : nous voilà tous transformés en victimes potentielles de la folie des hommes.

En revanche, là où Al-Qaida et ses sbires ont sans doute réussi, c’est dans la mutation de l’homme moderne comme auteur possible d’actes terroristes. Nous sommes désormais 6 milliards d’humains potentiellement terroristes. Le profil sociologique des auteurs des attentats manqués de Londres accentue la brutalité de ce constat ; les médecins en question ne recoupent pas, tant s’en faut, la thèse définissant les auteurs des attentats comme de pauvres bougres facilement conditionnables parce que soumis depuis des lustres à la misère endémique. Cacher l’intention meurtrière derrière des profils bien insérés complique à l’évidence le repérage du passage à l’acte.

Cette réalité fait peser une lourde menace sur le dialogue intercivilisationnel. Il appartient désormais aux pays musulmans d’intégrer cette donne pour lancer in situ de vastes plans de lutte contre une misère que les élites négligent. La séduction terroriste sera d’autant moins opérante qu’elle sera contrainte par la construction d’un avenir possible à l’intérieur des frontières des pays concernés. Dans le cas contraire, l’enfoncement dans la misère entraînera une croissance du ressentiment dont les terroristes feront un prolifique terreau.

Dernier petit point : la Cnil a raison de s’inquiéter (c’est sa fonction) d’une surexposition de la sphère privée dans le développement important de la vidéosurveillance dans notre pays. Mais comment éviter ce recours orwellien face à une menace si diffuse, pouvant venir de nulle part ? Il faudra donc accompagner le développement de cette technologie utile par des sanctions impitoyables envers des représentants de l’Etat tentés d’en détourner l’utilisation à des fins de vampirisation de notre vivre ensemble.

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www.insideweb3.fr Dans un bel élan corporatiste, la profession journalistique se braque : les blogueurs ne seraient que des sous-journalistes, incarnant une forme suspecte d’incandescence de la verbosité, expression d’un galimatias déqualifié de regards biseautés sur le monde tel qu’il va.

Pour avoir bien connu cette profession, je peux me permettre deux à trois constats un peu rudes :

1. Le sous-dimensionnement intellectuel, notamment dans la presse quotidienne régionale, de la caste journalistique est certainement plus inquiétant que la profusion « blogueuse » où l’on trouve tout et n’importe quoi (mais, comme au marché aux puces, faut avoir le flair).

2. Le journalisme de qualité requiert deux paramètres : la curiosité (l’intuition du dysfonctionnement, l’ambition de planter la plume dans la plaie) et le temps. Le temps est un luxe dans le journalisme. Le monde est si complexe que les journalistes ont besoin de prendre du recul sur le flux RSS d’un monde dont l’information d’il y a quinze minutes a déjà vieilli.

3. Le blog n’a aucune autre prétention que celle d’apporter un élément de lecture différent sur l’actualité « officielle ». D’ailleurs, les journalistes qui tiennent leur blog sont généralement plus libres et percutants que lorsqu’on les retrouve dans leurs habits officiels. Bien entendu, un article de l’ami Claude Askolovitch sur son blog restera « mieux » informé que celui d’un écrivassier comme ma pomme qui n’a ni accès aux lectures commentées des acteurs de l’événement abordé ni le temps de creuser le sujet (le blog est une activité amateure).

4. Cependant, ce regard venu en contre-champ produit parfois de belles surprises. Je suis souvent très étonné par la qualité des posts que je parcours. Nier le fait que le vulgum pecus n’ait pas les capacités intellectuelles de « juger » l’actualité révèle un étonnant poujadisme intellectuel de la part d’une caste qui se sent peut-être menacée et affiche un drôle de complexe obsidional.

5. Etre journaliste ne relève pas d’une certification. Il y a certes des écoles, elles tracent une voie royale dont je ne nie pas la nécessité. Il vaut mieux avoir fait Sciences-Po puis une école de journalisme pour espérer décrocher les rares places disponibles sur un marché du recrutement anorexique. Mais, toujours avec la petite expérience qui est la mienne, je crois très sincèrement que la curiosité prime sur la capacité d’expertise. Ce métier de passeur m’a appris une seule chose : les questions les plus bêtes sont toujours les meilleures car elles ont de fortes chances d’être celles que se posent les lecteurs. Se décentrer, voilà le substrat du journalisme.

Que la profession, donc, ne se fasse pas trop de soucis. Elle dispose d’un nombre important de journalistes de grand talent, peut-être un peu trop révérencieux mais la lecture d’une revue de presse complète confirme cette impression. Le blog relève d’une partie de campagne de journalistes en herbe, d’anciens journalistes qui veulent combattre efficacement leurs aigreurs, de poètes talentueux, d’écrivaillons osés, etc. J’y vois plus une créativité encourageante qu’une menace sur une profession aujourd’hui si tétanisée devant son avenir qu’elle en devient paranoïaque.

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