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Archive for the ‘Culture’ Category

photo.sohu.comSi Dieu existe, il s’ennuie ces dernières heures. Il vient de rappeler Serrault, Bergman et Antonioni en l’espace de vingt-quatre heures. Des petits bouts de mémoire arrachés du présent qui ont déjà tant fait pour donner à l’humanité des raisons de ne pas désespérer. Les pauvres humains qui restent en bas n’en ressentent pas d’amertume : la mort surcharge le champ de la vie. L’industrie se chargera de nous fournir des compilations nostalgiques. Et l’automne au coin du feu crépitera avec talent. C’est ce qui fait la différence entre les grands hommes et les anonymes : ils nous ont tellement aidé à contourner la peur de la mort que leur mort n’en devient qu’anecdotique. Le cinéma, c’est la vie que nous n’aurons pas. C’est l’indifférence au réel, ce qui en fait un art révolutionnaire. Si vivre, c’est apprendre à mourir, ces trois grands noms du cinéma sont des bienheureux.

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www.insideweb3.fr Dans un bel élan corporatiste, la profession journalistique se braque : les blogueurs ne seraient que des sous-journalistes, incarnant une forme suspecte d’incandescence de la verbosité, expression d’un galimatias déqualifié de regards biseautés sur le monde tel qu’il va.

Pour avoir bien connu cette profession, je peux me permettre deux à trois constats un peu rudes :

1. Le sous-dimensionnement intellectuel, notamment dans la presse quotidienne régionale, de la caste journalistique est certainement plus inquiétant que la profusion « blogueuse » où l’on trouve tout et n’importe quoi (mais, comme au marché aux puces, faut avoir le flair).

2. Le journalisme de qualité requiert deux paramètres : la curiosité (l’intuition du dysfonctionnement, l’ambition de planter la plume dans la plaie) et le temps. Le temps est un luxe dans le journalisme. Le monde est si complexe que les journalistes ont besoin de prendre du recul sur le flux RSS d’un monde dont l’information d’il y a quinze minutes a déjà vieilli.

3. Le blog n’a aucune autre prétention que celle d’apporter un élément de lecture différent sur l’actualité « officielle ». D’ailleurs, les journalistes qui tiennent leur blog sont généralement plus libres et percutants que lorsqu’on les retrouve dans leurs habits officiels. Bien entendu, un article de l’ami Claude Askolovitch sur son blog restera « mieux » informé que celui d’un écrivassier comme ma pomme qui n’a ni accès aux lectures commentées des acteurs de l’événement abordé ni le temps de creuser le sujet (le blog est une activité amateure).

4. Cependant, ce regard venu en contre-champ produit parfois de belles surprises. Je suis souvent très étonné par la qualité des posts que je parcours. Nier le fait que le vulgum pecus n’ait pas les capacités intellectuelles de « juger » l’actualité révèle un étonnant poujadisme intellectuel de la part d’une caste qui se sent peut-être menacée et affiche un drôle de complexe obsidional.

5. Etre journaliste ne relève pas d’une certification. Il y a certes des écoles, elles tracent une voie royale dont je ne nie pas la nécessité. Il vaut mieux avoir fait Sciences-Po puis une école de journalisme pour espérer décrocher les rares places disponibles sur un marché du recrutement anorexique. Mais, toujours avec la petite expérience qui est la mienne, je crois très sincèrement que la curiosité prime sur la capacité d’expertise. Ce métier de passeur m’a appris une seule chose : les questions les plus bêtes sont toujours les meilleures car elles ont de fortes chances d’être celles que se posent les lecteurs. Se décentrer, voilà le substrat du journalisme.

Que la profession, donc, ne se fasse pas trop de soucis. Elle dispose d’un nombre important de journalistes de grand talent, peut-être un peu trop révérencieux mais la lecture d’une revue de presse complète confirme cette impression. Le blog relève d’une partie de campagne de journalistes en herbe, d’anciens journalistes qui veulent combattre efficacement leurs aigreurs, de poètes talentueux, d’écrivaillons osés, etc. J’y vois plus une créativité encourageante qu’une menace sur une profession aujourd’hui si tétanisée devant son avenir qu’elle en devient paranoïaque.

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telepublique.blogspirit.com

 Je découvre avec stupéfaction ce matin que l’émission de Daniel Schneidermann, « Arrêt sur image » sur France 5, s’arrêtera la saison prochaine. Et que, dans la foulée, « Ripostes » passerait aussi à la trappe (animé par Serge Moati).

Si cette double information devait se confirmer, il va de soi que tous les amoureux du débat, du décryptage, de la polémique, du vertige réparateur de la confrontation, bref, de cette liberté hugolienne, de ce sel voltairien, où droite et gauche, centre, milieu, extrêmes, fachos, beaufs, noirs, blancs, rouges, cons, pas cons (nous sommes tous les cons de quelqu’un d’autre) qui se retrouvent à un moment précis sur une même unité de temps pour échanger leurs certitudes, confronter leurs erreurs, s’enferrer ou se dédouaner, se sauver ou s’entêter, à partir des faits, de la vérité introuvable, etc., oui, il va de soi que nous ne devons pas laisser passer cela. Je ne sais pas comment.

En organisant des Grenelle ou des Etats généraux de la liberté de la presse, en manifestant dans la rue, en pétitionnant à gogo, etc. Je ferai la même chose si Skyrock, de la même manière, était menacé de fermeture alors que je trouve cette radio de « d’jeuns » profondément débilitante (mais ne l’étais-je pas à quinze ans lorsque j’agitais ma crinière calamistrée devant les gonzesses à la peau abricotée pour en extraire le suc).

www.imedias.bizCher Daniel, cher Serge (excusez cette familiarité), je suis partant pour dire tout simplement « non » à ce qui ressemble, mine de rien, à une première réplique de l’enrégimentement sarkozyste de la liberté d’expression.

Il faudra que les Pdg du service public rendent des comptes à leurs abonnés civiques sur cette décision qu’un Hugo Chavez n’aurait pas renié. Ah, certes, en France, on sait mettre du bolduc autour des truanderies les plus cyniques. Ah, certes, le Hugo Chavez a trop la grinta d’un révolutionnaire en chambre pour ne pas profiter de l’occasion pour décocher quelques formules clownesques qui le rendent pathétiques. Mais en France, les meurtres se font dans les salons feutrés de la République tentaculaire. Osons ne pas accepter l’inacceptable.

Je ne suis ni un baba béat ni un Schneidermannôlatre ou un Moatiste chauvin. En tant que journaliste, je dis Ya Basta (tiens, ça me rappelle ma jeunesse…), je me dis que le décrochage entre la réalité vraie (pléonasme de circonstance, quand la réalité est distordue, il faut la renommer en édictant la charte de son évidence) et le reflet dans les médias prend une tournure anamorphique très dangereuse. Daniel, Serge, on s’appelle, on grogne, on réagit. Et vite.

Pour signer la pétition : http://arret-sur-images.heraut.eu/

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http://www.liberation.fr/actualite/societe/_files/file_195852_70139.jpg

L’homme porte en lui une vieille blessure d’enfance. Un regard trop vite désabusé sur le monde tel qu’il est, « colonisé » dans sa tête par les manifestations les plus vulgaires des humiliations impériales, si néanderthaliennes dans la forme qu’elles paraissent appartenir à un lointain patrimoine historique.

« Les gens s’écartaient à notre passage parce que nous étions blancs », rappelle Jacques Vergès. Enfance indochinoise, adolescence marxisante, dillettantisme fildefériste portant une soif égotiste inextinguible, Vergès est devenu avocat pour satisfaire son besoin de cogner dans le bide renflé des conformismes, sa faim de provocation dans un monde normatif qu’il tient en haine.

Barbet Schroeder pénètre ce mystère sans a priori, sans hagiographie, sans didactisme. La force de ce documentaire-fiction réside justement dans le parti pris d’une exploration qui, tout en gardant à distance la munificence du personnage, remonte aux sources d’une colère que rien n’apaise.

On sent très vite que Vergès n’est pas un penseur au sens où l’on peut l’entendre classiquement, au sens sartrien du terme. Chez lui, l’hypersensibilité, doublée d’un romantisme révolutionnaire de salpêtre, conditionne l’engagement. Il aime la femme et l’homme debout, l’homme révolté, l’homme qui ne ploie pas. S’il s’aveugle, c’est en conscience. A cécité, cécité et demie.

Le réalisateur raffole de ces contrebalancements, de ces contrepieds, de cette esthétique ébouriffante ramenant toujours le monde au cœur de ses contradictions, par le biais de formules cyniques, où la violence terroriste n’est jamais condamnée puisqu’elle s’origine dans l’écrasement humiliant des peuples. Vergès n’est pas seulement l’avocat de la terreur, il est celui d’une amoralité universelle qui lui préexistait, celui d’une violence spectaculaire qui répond avec les moyens du bord à la violence institutionnelle des Etats qui, au nom de la raison, laissent les peuples aux mains de l’arbitraire.

Pour lui, Hitler ou Bush, c’est du pareil au même. S’il avait défendu Hitler, il aurait accusé le monde d’avoir humilié le peuple allemand après la première guerre mondiale. S’il défend un jour Bush, il pointera un doigt accusateur sur un libéralisme dévoyé, échevelé, où les grandes entreprises ont oublié qu’elles avaient un rôle majeur à jouer dans la marche en avant de l’émancipation des peuples.

Vergès, c’est ce gros cigare cubain sur lequel il tire avec le plaisir goulu d’un hédoniste ; c’est cette petite cabane discrète dans les territoires des Khmers rouges où sa présence tutélaire hante les lieux ; c’est l’Algérie dont il accompagna la marche vers l’indépendance avec un enthousiasme vite douché par les lendemains révolutionnaires, éternellement décevant. Vergès ne croit en rien.

Il n’a que le cynisme brillant de ses colères pour accuser le monde d’avoir enfanté dans le sang ses pires utopies. Barbet Schroeder montre bien le cheminement de ce nihilisme porteur de brio. L’idée d’être seul contre tous lui donne des ailes. Ce donquichottisme aigri prend parfois des allures révoltantes. Les corps meurtris des victimes des attentats, pour l’avocat des causes indéfendables, appartiennent à l’internationale de ces innocents, blancs, noirs, jaunes, etc., dont l’éternelle lutte entre les puissants et les rebelles de la misère allonge la liste. Le film est dérangeant, donc brillant.

Sans voix off, sans externalisation du jugement. Comme toujours, Barbet Schroeder laisse le soin au spectateur de se faire son opinion. Et la qualité du film réside peut-être dans cette suspension du jugement : la question de savoir qui est Jacques Vergès reste sans réponse, conserve jalousement son mystère. Seule la morale de l’histoire en ressort éreintée, morale kaléidoscopique, dont chacun défend son bout de gras.

Il faut aller voir ce film, rapidement. Ne serait-ce pour savoir de quel bout de gras vous ferez cuire votre soupe utopique pour les prochaines années.

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J’ai un petit souci avec M’dame Chirette. J’ai failli me fâcher définitivement avec elle. J’essaie de lui expliquer depuis hier qu’elle était forcément experte de quelque chose, comme la Ségo le dit. Elle a d’abord cru que je me moquais d’elle. Il a fallu que je rétropédale pendant la diffusion de Plus belle la vie pour préciser ma pensée. J’ai tiré des psaumes de Désirs d’avenir.

Par exemple, la Ségo pense que chacun a une expérience à faire bénéficier à quelqu’un d’autre. C’est quoi, une expérience, m’a-t-elle lancé ? Je lui ai répondu que ça pouvait être un événement de sa vie personnelle dont elle était fière. Elle a cherché. Mais elle a été perturbée par la mort d’un jeune à la sortie d’un lycée dans Plus belle la vie. Elle était émue. Je lui ai dit que c’était de la fiction. Elle m’a dit que ça partait de faits réels. Quiproquo.

J’ai essayé de reprendre la conversation sur les experts XXL. Elle a froncé les sourcils. « Tu m’emmerdes avec tes experts ! Tu vois pas la vie de merde que je mène ! Qu’est-ce que tu veux que je participe à quoi que ce soit ! Tu viens te moquer de moi ! Casses-toi, gauchiste ».

En rentrant à la maison, je me suis dit : à force de croire que tout le monde a quelque chose à dire, n’allons-nous pas renforcer la souffrance de ceux qui savent qu’ils ne pensent rien ? Le cauchemar participatif, c’est finalement un peu ça, le débordement du n’importe quoi, le n’importe quoi qui s’emballe, des indigestions de mots, de thèses, d’existences en dedans, des blogs pour les potes, des cris poussés dans le vide que l’on croit plein. Un emballement hyperviolent de la machine à dire ouverte à tous les vents.

Onfray, Menu, Chirette sur le même plan, eh, oh, coco, faut se calmer. J’ai lu le dernier ou avant-dernier post comme on dit d’Onfray. Je partage la haine des intellectuels pour ce débat troué d’artificialités cathodiques.

Quand j’écoute l’excellente émission Du grain à moudre sur France-Culture, je me dis qu’est-ce que c’est bon la culture posée sur les rails du temps, de la décantation, de la confrontation des idées, les vraies. Je ne regarderai plus Ripostes et cette tentation comique de faire dans l’épate, de demander à des intellectuels qui ont passé des années le cerveau scotché à essayer de comprendre la complexité du monde de ramasser leurs idées vulgairement, pour que tout le monde parle, et pourquoi y’a tant de mode sur les plateaux télé, pourquoi la compréhension d’un sujet difficile passerait-elle par la spectacularisation du débat intellectuel.

Hier soir, j’ai appelé M’Dame Chirette. Me suis excusée. Elle est sensible. Elle sait qui elle est. Experte de rien. Vlan, elle m’a lâché ça. Elle veut qu’on respecte ça, qu’on la laisse tranquille. Avec les salutations distinguées de la France inexperte…

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Il fut un temps, pas si éloigné d’ailleurs, où je tins la chronique de la vie modeste de Madame Chirette. Tous les jours, dans un journal local, je restituai l’humeur de cette femme face aux jeux olympiques de Séoul.

En général, c’est un peu comme ça que ça se passe quand on débute dans la profession : il faut s’arracher un petit bout de gras singulier au milieu des plumes altières qui squattent les meilleures places lors des meilleurs événements. « Chez M’dame Chirette ». Une petite colonne par jour. Je lui avais donné les traits de visage de ma grand-mère.

Deux grosses loupes aux yeux qui rendaient son regard monstrueux ; une blouse bleue chiotte accentuant le contraste rose d’improbables caducées inscrits en relief ; des savates, renflées à l’endroit des orteils ; une peau de reptile où se logeaient des surplus de Nivea dans des écailles calleuses…

L’idée n’était pas de poser le cul grotesque de mon surplomb sur le peuple vagissant. J’ai des bonnes manières, je pars du principe que les gens ont choisi ce qu’ils sont, ce qui évite en général les longues discussions familiales sur le fatum indélicat. Nous ne sommes que la somme de nos actes, dis-je à mes enfants, en citant Sartre, entre deux pubs de Skyrock sur des prochains concerts d’anencéphaliques rapers aux tuniques tunées.

Le principe de la chronique dégageait même une certaine noblesse : montrer la vie de ses dissemblables, en évitant de la juger le plus possible. Oh! certes, l’infra-vie n’a rien d’excitant pour les cerveaux bien faits.

La culture contient cette violence inouïe qui éloigne des simples d’esprit ; elle est presque faite pour ça, pour indiquer une échappée dans un océan de crasses, pour laisser le peuple à ses lassitudes, pour tutoyer d’autres altitudes.

C’est ça, la culture, un paravent, un bouclier pour éloigner et s’éloigner de la bêtise… Une chose me gêne cependant : cette masse informe à front d’aurochs nous domine, nous écrase. Et elle n’est pas écoutée. Elle ne dit pas grand chose, en général, c’est vrai. Elle sort ses tripes, n’a pas de recul sur les faits. Et quand elle enrage, elle sort cette phrase terrible, uppercut : « Moi, je n’ai pas fait d’études… »

Ce sont ces gens qui vont faire le vote du 22 avril prochain. Ce sont ces gens qui désespèrent les intellectuels. Ce sont ces gens qui imposent aux politiques leur présence dans des émissions débiles où ils débitent des anecdotes sur le temps de cuisson du veau pané ou leur premier flirt.

S’ils citent Proust, ils sont hors sujet et se désespèrent de leur vocation. Ce sont ces gens qui obligent les intellectuels à la miniaturisation de la complexité, à la lyophilisation des concepts. Ce sont ces gens qui engraissent les boîtes de com’ et qui flottent avec menace sur les débriefings des journées électorales ratées. Ce sont ces gens qui s’accrochent avec désespoir à des petits bouts de compréhension –la sincérité de Bayrou, la féminité de Ségo, l’autorité de Sarko, l’entêtement d’Arlette- pour se rendre devant les urnes avec un chouia de respect d’eux-mêmes. Je ne cause pas des panels d’Ambiel ; je suis au plus profond des entrailles, de la flaccidité des choix improbables, du tribalisme de la tripe.

Vous me trouvez sévère, sans doute, injuste, injurieux. C’est que vous ne connaissez plus le peuple depuis longtemps. C’est que vous vivez entre vous depuis de trop nombreuses années, que vous n’avez plus le sens de la vie d’en bas, des rues noires de quartiers hideux, de l’humidité des habitations insalubres, des horizons débarrassés de lunes. Vous alunissez ailleurs. Je n’ai pas de passion pour l’infra-vie. Je resterai sincère. Je ne me moquerai jamais de ce peuple en lui faisant croire qu’il est expert de quoi que ce soit, si ce n’est de cette misère qui l’afflige, qui ne ment pas, dont il est conscient. Quand la vacuité vous saisit, les gens qui vous disent le contraire passent pour des ignares.

Plutôt que de poursuivre la dissection des faits de campagne, que d’autres font bien mieux, j’ai repris contact avec M’dame Chirette. Elle sucre les fraises dans une maison de retraite de Provence, a échappé à la canicule de justesse, ira voter au prix d’un effort physique incroyable parce que le civisme, pour cette génération, est presque aussi important que l’entretien des napperons et l’arrosage minutieux des géraniums.

Le jour où je lui ai proposé de reprendre notre collaboration, un candidat local aux cantonales effectuait une visite en distribuant des boîtes au chocolat. Il était accompagné d’un imitateur de Bourvil. Il l’a embrassée trois fois. Elle l’a trouvé sympa. On ne l’avait plus embrassée autant depuis longtemps. La directrice de la maison était dans le coup. Une lointaine connaissance du candidat. Ils ont négocié dans le bureau une petite rallonge de subvention pour les activités artistiques des pensionnaires. Bourvil bis collait des affiches dans les couloirs de la maison. Et distribuait aux enfants des vieux des places de cirque pour leurs morveux. Le candidat, avant de partir, a entamé les feuilles mortes d’Yves Montand avec une vieille moins embrumée que les autres. Effet garanti. Demain, le même cirque se répètera avec un autre candidat.

Le temps des élections, dans les maisons de retraite, se caractérise par un net regain d’amoralité de ce type. C’est ça, c’est ça, c’est ça la France, chanterait Rika Zaraïe. Pendant qu’Alain Minc et Benjamin Stora s’étripent sur le modèle social français, les grands partis démocratiques achètent les bulletins de vote à coups de boîtes de chocolat.

Mme Chirette m’a même montré un jour une lettre signée d’un élu annonçant que les prochains colis de chocolats seraient encore plus fournis en cette année électorale que ceux des années précédentes. Dans les secrétariats des élus de proximité, on ne fixe pas seulement les derniers détails d’une révision du Scot. On se couche très tard pour établir le plan détaillé de la distribution des colis pour éviter de fâcher ces électeurs amoureux de douceurs.

Mme Chirette a accepté de reprendre la plume pour les lecteurs de cette blogosphère. La démocratie vue d’un fauteuil croulant. La chronique chocolatée de la vraie vie. Sans mépris. A l’anglaise, éprise de détails vrais, arrosée de Pernaut, de Romejko, de Plus belle la vie. La vie telle qu’elle est, telle qu’elle nous désespère, telle qu’elle les désespère aussi un peu…

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