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Archive for the ‘Kouchner’ Category

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On la sentait bien venir, cette petite gêne, dans le cadre de l’émission France Europe Express. Christine Ockrent, épouse de Bernard Kouchner, journaliste d’une des émissions les plus conséquentes du paysage audiovisuel français avec celles d’Yves Calvi. Et François Bayrou, dont la diagonale dialectique rappelle celle d’un fou (donc de quelqu’un de raisonnable dans mon esprit) eut ce petit hoquètement hilare qu’il affecte quand il sent que son propos va bousculer le politiquement correct, en s’excusant par avance d’oublier la proximité familiale entre le ministre et son épouse pour tenter une énième clarification entre « ralliement » et « alliance ». Aussi sincères que puissent être les démarcations entre vies privée et professionnelle, Christine Ockrent n’est plus, depuis quelques jours, une journaliste comme les autres.

Chère madame, j’eusse apprécié qu’en début d’émission, les yeux dans les yeux, vous prîtes la parole pour nous livrer les clés d’un contrat de confiance : ici, mon mari est un homme public comme les autres ; quand je ferme la porte de mon domicile, ça devient mon ou notre problème…

Je vous pose donc directement quelques questions auxquelles je suis sûr vous saurez répondre : comprenez-vous que les téléspectateurs de votre excellente émission puissent être légitimement troublés par votre contexte familial ? Pensez-vous pouvoir conserver dans cette situation votre capacité de critique ?

Votre époux, dont la principale qualité est de ne pas se fondre sans moufter dans le conformisme oblitérateur, sera donc souvent sous les feux de l’actualité et les projecteurs se braqueront sur les attractions-répulsions de ses rapports avec un président de la République qui n’est pas conformé comme lui : comment traiterez-vous de ces relations ? Qui le recevra (il est tout de même titulaire d’un porte-feuille cible de votre contenu éditorial) lorsqu’il sera amené à se rendre sur votre plateau ?

Je suis sûr que vous aurez le courage de répondre à ces questions et, dans un élan narcissique pathologique, vous invite à être interviewée sur ce blog sur le sujet.

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Je me suis servi un fond de whisky. Pas trop. J’ai suçoté un petit cigarillo. Deux inhalations. Fallait être en forme pour ce matin. Christine m’a invité à venir me coucher vite. Je l’ai embrassé tendrement sur le front. Comment dormir ? Je l’ai rassuré. « Je termine le verre ». Elle m’a demandé si j’allais bien. J’ai eu du mal à contenir la formation d’un caillot lacrymal dans la gorge. Un hochement de tête a suffi. Je me suis retrouvé seul. Sans envie. Dans le vague. J’ai allumé la télé mais le visage rond de François Hollande m’a fait sursauter. Je l’ai éteinte aussitôt. Demain (aujourd’hui pour vous), je serai pour une partie de la France un renégat, un mangeur de lentilles, un opportuniste défroqué, un vendu au libéralisme, un crédule…

A mon âgé avancé, les petites convulsions médiatiques me laissent heureusement de marbre. Je suis né socialiste, j’avais envie de sauver la planète ; enfant, je ne supportais pas l’indifférence de mes proches pour les mendiants, la pauvreté m’a toujours indigné. Docteur, j’ai voulu aller au bout du monde pour sauver l’humanité, pour sauver mon âme. J’ai tenu dans mes mains des enfants de douze kilos. J’ai côtoyé la folie humaine, de près, de très près, dans le Biafra, au Kosovo, ce Kosovo de mon cœur où je n’oublierai jamais ce que la lâcheté des nations peut causer dans le regard d’un gosse anémié.

On m’a tellement reproché de choses que je ne sais par où commencer. J’ai égaré la liste. Tout ce que j’ai pu faire n’a pas été parfait mais je ne supporte pas l’idée que les rodomonts de tribune, sagement posés au coin du feu de leur Ardèche ronronnante, viennent me donner la moindre leçon. L’injustice, je l’ai saisie à la gorge, j’ai tout fait pour lui tordre de cou. Oui, c’est vrai, j’habite un endroit cossu. Oui, c’est vrai, j’ai cédé comme nous tous à l’ensorcellement de l’argent. Même l’Abbé Pierre a pêché. C’est dire comme vivre est une grand épreuve, surtout lorsque l’on défend des idées nobles.

Tout au long de ma vie, j’ai appris à me méfier des puretés humaines. L’homme est ambivalent. Tel gauchiste habite un pavillon avec piscine. Tel coco passe ses vacances à Ibiza. Et, lorsque Simone de Beauvoir s’achetait une robe trop chère, pour éprouver le frisson de la coquetterie, elle qui entretenait un rapport si trouble avec la féminité, elle broyait des idées noires tout au long de la journée. Et lorsque Léo Ferré, pierrot lunaire des anars, pourfendeur du capital, se rendit propriétaire de sa maison en Toscane, il bafouillait des explications oiseuses à ses fans troublés. L’argent est notre mauvaise conscience commune.

Camarades, je suis triste de vous abandonner. Le principe de réalité a pris le dessus sur la puissance des convictions. Je suis peut-être mieux armé que d’autres pour fixer droit dans les yeux le diable Sarkozy dont on m’a décrit avec moult détails la vésanie. Mais, quelque part, je retrouve ce matin ma liberté.

Les gens de gauche auront l’honnêteté de reconnaître que travailler avec la droite n’est pas sans saveur : chez eux, on se débat moins avec la moralité, la richesse n’est pas tabou, la réalité a pris le relief simpliste des bas instincts, le monde de Bush est plus manichéen que le nôtre et, dans un monde traversé d’incertitudes, les Français ont besoin de se retrouver autour de principes audibles et concrets. Sarkozy a réussi le tour de force d’occuper le champ que nous n’osions plus amodier, le travail, la fierté d’être Français. Des années plus tard, après avoir enfanté le Front national pour des raisons bassement électoralistes, nous voilà piégés, nous, socialistes, dans l’impasse identitaire d’une France que nous avons volontairement labourée.

Je dis les choses comme je les ressens : la gauche ne retrouvera plus le pouvoir en France avant dix à quinze ans si elle se contente de congrès stériles et d’une refondation dialectique. Alors, de l’endroit où je suis, avec mes maladresses, mes humaines limites, j’essaierai de défendre la cause de ceux qui croient aux combats de la gauche. Car, si je quitte la gauche, elle, elle ne me quittera pas. Si je comprends le trouble légitime des amis que je perds, je n’aurais jamais trop de colère contre ce PS enkysté dans ses querelles picrocholines, bien incapable aujourd’hui de résoudre la complexité des problèmes qui se posent à notre époque.

Oui, je pense que Nicolas Sarkozy est un moindre mal, à l’instant T de l’histoire de notre démocratie. Le monde de Sarko n’est pas le mien. Mais la gauche n’a pas su inventer le sien. Apatride, je deviens un sans papier honnête, mu par la seule volonté de rendre le monde meilleur.

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Il y a deux manières de juger le ralliement d’un homme de gauche dans un gouvernement de droite et vice-versa : celle qui consiste à dire que la noblesse de la gestion des affaires de l’Etat dépasse le débat politique et qu’une fois passé le temps de la confrontation, seul prime l’intérêt immarcescible de l’Etat ; celle qui refuse cette dichotomie facile entre l’affirmation de ses convictions profondes et l’adaptation à un principe de réalité.

L’air du temps est à la vibration de cette idée que la confrontation politique est d’une improductivité infantilisante et que la modernité se régénère dans une progression au jour le jour dans le maquis des défis à relever. L’infusion de cette idée est une menace pour la richesse du débat politique : elle risque d’amoindrir la recherche, des deux côtés du balancier politique, des expériences couronnées de succès ; elle expose le débat politique à la tentation de la synthèse qui n’est jamais qu’un couvercle chuintant que l’on pose sur de vraies divergences de fond. Elle démonétise enfin le débat politique qui deviendrait ainsi, aux yeux de l’opinion, un lieu d’échanges artificiels, une mascarade ritualisée.

Quelle est la nature de la sarkozyphilie subreptice de Bernard Kouchner lorsque l’on pioche sans mal dans les déclarations qu’il fît et dont la peinture est encore fraîche ? Lorsque le French doctor reprochait il y a dix jours au nouveau président de la République de « pêcher dans les eaux de l’extrême droite », mentait-il, prenait-il les gens de gauche sincères pour des gogos lobotomisés ?

Car il n’aura pas échappé à l’opinion française que le corps doctrinal du programme de Nicolas Sarkozy penche très à droite et que le choix du pays doit être respecté. Je veux choisir mes futurs élus à partir des idées qu’ils défendront en campagne.

La démarche de François Bayrou est différente puisqu’il inscrit dans le marbre de ce nouveau mouvement démocratique le principe d’une variabilité d’approche des différentes mesures à apprécier s’il reste dans l’opposition. Mais qui peut penser en France qu’un élu, de gauche comme de droite, n’agissait jusqu’alors qu’en fonction d’une vision étriquée de la bipolarité politique ? Dans les collectivités territoriales, que la majorité de droite soit de gauche ou de droite, l’immense majorité des délibérations sont adoptées à l’unanimité parce que l’édification d’un collège ou le renforcement d’un dispositif de vigilance auprès des personnes âgées ne peut faire l’objet d’une opposition abêtissante.

Bien entendu, cette sagesse n’est pas reproductible à l’échelle de l’assemblée nationale, créatrice du socle législatif du pays, là où les divergences s’élèvent plus frontalement. Mais, si je vote à gauche, et que cette gauche reste minoritaire, je n’attends pas de « mon » élu une déresponsabilisation devant les choix d’opposant qu’il doit faire. J’attends de lui qu’il lance, à l’échelle de la circonscription qui l’a élue, le débat nécessaire, auprès de la population, pour qu’il puisse voter en homme libre, serein et objectif.

Ce n’est pas parce que le débat crée une saine opposition qu’il empêche le recoupement d’éléments unanimement partagés. Dans une démocratie, l’opposition détient un rôle fondamental, celui de faire vivre l’immense minorité battue aux urnes pour que la vision que cette France porte dans ses tripes ne soit pas écrasée par celle de la France majoritaire. Je crois que les institutions, telles qu’elles existent, autorisent cette dynamique du débat. Et non des ralliements de fins de carrière ou de colère inversée qui s’apparentent plus à des haines bruyamment remâchées qu’à des sursauts moraux salutaires.

Bernard Kouchner a sans doute beaucoup de reproches à faire au PS. J’en partagerai sans doute beaucoup avec lui. Pense-t-il une seule seconde qu’en ralliant le camp qu’il a toujours combattu, il sera plus audible auprès de ceux avec lesquels il a toujours cheminé ? Nous sommes tous ambivalents, tous un peu schzyzos… Mais le choix politique doit toujours se faire dans la clarté, avec des ajustements mais sans revirement brusque.

C’est pour cette raison, Bernard Kouchner, que je suis triste aujourd’hui d’apprendre que vous franchissez le gué. Parce que vous le franchissez du jour au lendemain, sans avoir pris le temps de nous expliquer pourquoi vous le faites. Vous le franchissez dans l’entrebaillement de l’air du temps, par haine pour votre famille d’origine, par vengeance. Je vous souhaite cependant, pour la France, le meilleur succès.

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