Lors de l’université d’été du parti socialiste en 2006, Lionel Jospin, ancien Premier ministre, aujourd’hui voué aux gémonies, définissait un cadre d’avenir pour le Parti socialiste : « Nous sommes de la longue lignée des socialistes réformistes. Réformer, c’est corriger, c’est changer en mieux. Mais que doit-on corriger et où est le mieux ? »
A cette question, aucune réponse n’a été apportée aujourd’hui. Le Parti socialiste se fait déborder de toutes parts par un Nicolas Sarkozy adepte de la triangulation (chasser sur des terres supposées ennemies…). En amputant une grande partie des thèmes de gauche, il rend un service utile au Parti socialiste : la nécessité de l’explosion, du grand big-bang refondateur et restructurant.
Je lance ici un appel aux Manuel Valls, Malek Boutih, Vincent Peillon et autres pour qu’ils s’émancipent définitivement d’un parti qui a atteint un tel niveau de décrépitude qu’il se réjouit d’un ressac rose aussi illusoire que fragile. J’ai beaucoup d’admiration pour Aurélie Filepetti dont j’ai apprécié les livres. Mais, à l’entendre dimanche soir dans l’émission Ripostes de Serge Moati, j’étais prêt à lui envoyer une bouée pour éviter qu’elle ne se noie dans l’indescriptible fragilité des propositions socialistes. Elle n’est pas en cause mais elle incarnait, à ce moment précis, ce qu’est aujourd’hui le PS : un mouvement translucide, de riposte, sur la défensive.
Je fais le pari qu’aucun habitant de ce pays ne serait en mesure de citer trois propositions claires du PS pour améliorer leur quotidien (une seule, d’ailleurs, ce serait bien). Et quand j’entends que Ségolène Royal n’a porté qu’avec des pincettes la proposition d’un Smic à 1 500 euros brut, parce que la proposition tenait de l’insulte à l’intelligence, je me dis que le grand guignol a été atteint, surpassé même. J’attends deux à trois choses du PS rénové :
1. Qu’il tourne le dos une bonne fois pour toutes avec la gauche messianique, autrement appelée radicale, dont certaines idées sont justes mais immédiatement plombées par l’irréalisme d’autres qui suivent. La gauche radicale veut la révolution. Elle se produira, peut-être, un jour mais sans les grandes entreprises qui auront pris le large depuis fort longtemps.
2. Que les rénovateurs sincères se réunissent dans une structure nouvelle, en acceptant l’idée de ne pas être élus dans les prochaines années. La machinerie socialo-étatiste leur barrera le chemin pendant quelques temps mais la force d’inventivité des rénovateurs débordera les chefferies locales et les officines pachydermiques plus rapidement qu’on ne l’imagine. Le PS n’a pas le monopole du socialisme rénové.
3. Que les rénovateurs enhardis mettent en face de chaque réalité sociale des mots ancrés dans le réel pour y faire figurer des programmes adaptés aux défis du siècle. Que la pédagogie reprenne ses droits, expurgée de tous les mots valises à la con, teintés d’un égalitarisme auquel même les plus pauvres ne croient plus.
Pour retrouver le chemin de l’efficience, le PS actuel doit déposer le bilan et laisse place à cette jeunesse déconnectée de tous les tabous qui font du PS français un lieu de germination de toutes les schizophrénies.
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