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Archive for the ‘Justice’ Category

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L’homme porte en lui une vieille blessure d’enfance. Un regard trop vite désabusé sur le monde tel qu’il est, « colonisé » dans sa tête par les manifestations les plus vulgaires des humiliations impériales, si néanderthaliennes dans la forme qu’elles paraissent appartenir à un lointain patrimoine historique.

« Les gens s’écartaient à notre passage parce que nous étions blancs », rappelle Jacques Vergès. Enfance indochinoise, adolescence marxisante, dillettantisme fildefériste portant une soif égotiste inextinguible, Vergès est devenu avocat pour satisfaire son besoin de cogner dans le bide renflé des conformismes, sa faim de provocation dans un monde normatif qu’il tient en haine.

Barbet Schroeder pénètre ce mystère sans a priori, sans hagiographie, sans didactisme. La force de ce documentaire-fiction réside justement dans le parti pris d’une exploration qui, tout en gardant à distance la munificence du personnage, remonte aux sources d’une colère que rien n’apaise.

On sent très vite que Vergès n’est pas un penseur au sens où l’on peut l’entendre classiquement, au sens sartrien du terme. Chez lui, l’hypersensibilité, doublée d’un romantisme révolutionnaire de salpêtre, conditionne l’engagement. Il aime la femme et l’homme debout, l’homme révolté, l’homme qui ne ploie pas. S’il s’aveugle, c’est en conscience. A cécité, cécité et demie.

Le réalisateur raffole de ces contrebalancements, de ces contrepieds, de cette esthétique ébouriffante ramenant toujours le monde au cœur de ses contradictions, par le biais de formules cyniques, où la violence terroriste n’est jamais condamnée puisqu’elle s’origine dans l’écrasement humiliant des peuples. Vergès n’est pas seulement l’avocat de la terreur, il est celui d’une amoralité universelle qui lui préexistait, celui d’une violence spectaculaire qui répond avec les moyens du bord à la violence institutionnelle des Etats qui, au nom de la raison, laissent les peuples aux mains de l’arbitraire.

Pour lui, Hitler ou Bush, c’est du pareil au même. S’il avait défendu Hitler, il aurait accusé le monde d’avoir humilié le peuple allemand après la première guerre mondiale. S’il défend un jour Bush, il pointera un doigt accusateur sur un libéralisme dévoyé, échevelé, où les grandes entreprises ont oublié qu’elles avaient un rôle majeur à jouer dans la marche en avant de l’émancipation des peuples.

Vergès, c’est ce gros cigare cubain sur lequel il tire avec le plaisir goulu d’un hédoniste ; c’est cette petite cabane discrète dans les territoires des Khmers rouges où sa présence tutélaire hante les lieux ; c’est l’Algérie dont il accompagna la marche vers l’indépendance avec un enthousiasme vite douché par les lendemains révolutionnaires, éternellement décevant. Vergès ne croit en rien.

Il n’a que le cynisme brillant de ses colères pour accuser le monde d’avoir enfanté dans le sang ses pires utopies. Barbet Schroeder montre bien le cheminement de ce nihilisme porteur de brio. L’idée d’être seul contre tous lui donne des ailes. Ce donquichottisme aigri prend parfois des allures révoltantes. Les corps meurtris des victimes des attentats, pour l’avocat des causes indéfendables, appartiennent à l’internationale de ces innocents, blancs, noirs, jaunes, etc., dont l’éternelle lutte entre les puissants et les rebelles de la misère allonge la liste. Le film est dérangeant, donc brillant.

Sans voix off, sans externalisation du jugement. Comme toujours, Barbet Schroeder laisse le soin au spectateur de se faire son opinion. Et la qualité du film réside peut-être dans cette suspension du jugement : la question de savoir qui est Jacques Vergès reste sans réponse, conserve jalousement son mystère. Seule la morale de l’histoire en ressort éreintée, morale kaléidoscopique, dont chacun défend son bout de gras.

Il faut aller voir ce film, rapidement. Ne serait-ce pour savoir de quel bout de gras vous ferez cuire votre soupe utopique pour les prochaines années.

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Le quotidien La Provence réalise un entretien avec Bernard Tapie ce jour juste avant le match VA-OM de samedi soir. Et ce que dit Tapie est stupéfiant !

Le journaliste Laurent Blanchard lui demande s’il pense encore à l’affaire. « J’y pense toujours. Pour moi, cette affaire sera terminée le jour où Jean-Pierre Bernès (NDLR, l’ancien proche de Tapie à l’OM) voudra bien dire ce qui s’est vraiment passé en mai 1993. Aujourd’hui, je ne lui en veux pas plus que ça, alors que nous étions tellement proche à l’époque ! C’est la vie. D’ailleurs, j’ai un de mes meilleurs amis, que je soutiens politiquement (Jean-Louis Borloo, ndlr), qui sait parfaitement lui aussi ce qui s’est réellement passé, mais il n’a jamais eu envie de le dire. Je ne lui ai de toute façon jamais demandé. J’espère seulement qu’il le fera, un jour ». Ouf !

1. Tapie a vraiment de drôles d’amis qui préfèrent l’envoyer huit mois fermes en prison plutôt que de lui venir en aide en révélant la vérité !

2. Si vous croisez Borloo, ce serait sympa de lui demander « ce qui s’est réellement passé ».

3. Si Borloo dit « ce qui s’est réellement passé », l’enquête sera-t-elle réouverte ? Tapie a-t-il ainsi sacrifié sa grande carrière politique à cause de deux amis qui l’ont lâché ?

4. L’un des premiers ministrables de Sarko s’amuserait-il à cacher des infos qui pourraient servir la justice ?

Je savais qu’en se débarrassant de Tapie, la gauche se porterait mieux (enfin, façon de parler). A Sarko de se dépatouiller avec notre Nanard national ?

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