Je découvre avec stupéfaction ce matin que l’émission de Daniel Schneidermann, « Arrêt sur image » sur France 5, s’arrêtera la saison prochaine. Et que, dans la foulée, « Ripostes » passerait aussi à la trappe (animé par Serge Moati).
Si cette double information devait se confirmer, il va de soi que tous les amoureux du débat, du décryptage, de la polémique, du vertige réparateur de la confrontation, bref, de cette liberté hugolienne, de ce sel voltairien, où droite et gauche, centre, milieu, extrêmes, fachos, beaufs, noirs, blancs, rouges, cons, pas cons (nous sommes tous les cons de quelqu’un d’autre) qui se retrouvent à un moment précis sur une même unité de temps pour échanger leurs certitudes, confronter leurs erreurs, s’enferrer ou se dédouaner, se sauver ou s’entêter, à partir des faits, de la vérité introuvable, etc., oui, il va de soi que nous ne devons pas laisser passer cela. Je ne sais pas comment.
En organisant des Grenelle ou des Etats généraux de la liberté de la presse, en manifestant dans la rue, en pétitionnant à gogo, etc. Je ferai la même chose si Skyrock, de la même manière, était menacé de fermeture alors que je trouve cette radio de « d’jeuns » profondément débilitante (mais ne l’étais-je pas à quinze ans lorsque j’agitais ma crinière calamistrée devant les gonzesses à la peau abricotée pour en extraire le suc).
Cher Daniel, cher Serge (excusez cette familiarité), je suis partant pour dire tout simplement « non » à ce qui ressemble, mine de rien, à une première réplique de l’enrégimentement sarkozyste de la liberté d’expression.
Il faudra que les Pdg du service public rendent des comptes à leurs abonnés civiques sur cette décision qu’un Hugo Chavez n’aurait pas renié. Ah, certes, en France, on sait mettre du bolduc autour des truanderies les plus cyniques. Ah, certes, le Hugo Chavez a trop la grinta d’un révolutionnaire en chambre pour ne pas profiter de l’occasion pour décocher quelques formules clownesques qui le rendent pathétiques. Mais en France, les meurtres se font dans les salons feutrés de la République tentaculaire. Osons ne pas accepter l’inacceptable.
Je ne suis ni un baba béat ni un Schneidermannôlatre ou un Moatiste chauvin. En tant que journaliste, je dis Ya Basta (tiens, ça me rappelle ma jeunesse…), je me dis que le décrochage entre la réalité vraie (pléonasme de circonstance, quand la réalité est distordue, il faut la renommer en édictant la charte de son évidence) et le reflet dans les médias prend une tournure anamorphique très dangereuse. Daniel, Serge, on s’appelle, on grogne, on réagit. Et vite.
Pour signer la pétition : http://arret-sur-images.heraut.eu/
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