J’ai entendu pas mal d’inepties, ces derniers jours, pour rester poli. J’ai trouvé très surréaliste cette exhortation quotidienne au refus d’une majorité massive UMP. Chaque homme de gauche s’affolait de la vague bleue annoncée. Mais à qui était destiné ce discours ? Aux électeurs de Sarkozy ? Cohérents, ils ont renouvelé leur vote. Aux électeurs de Royal ? Déçus, ils ont moins voté que pour la présidentielle.
Le bel élan civique de la présidentielle est donc trop frais dans l’esprit des plus jeunes des cités. Il faudra qu’ils apprennent, à l’instar des clubs de supporters de foot, qu’une équipe doit être supportée surtout lorsqu’elle est en difficulté.
Quant au score du Modem, je le trouve parfaitement cohérent avec la démarche de François Bayrou : l’hypercentre s’installera dans la réalité politique française le jour où Bayrou sera au deuxième tour de l’élection présidentielle. En attendant, le schéma se fait sur la bipolarisation. Si la gauche ne se renouvelle pas dans les prochaines années, François Bayrou sera au deuxième tour en 2012.
Une autre référence m’a quelque peu désarçonné : je serai curieux de retrouver les discours de François Mitterrand en 1988 lorsque, si j’en crois certains politologues, il invita ses propres partisans à ne point trop en faire en ne lui offrant pas une majorité écrasante. Comment cette bizarrerie politique s’est-elle mise en place ? Quelqu’un s’en souvient-il ?
Pour la gauche, il reste une petite semaine à tenir autour de la dépouille de ses faiblesses. Ensuite, il faudra se mettre au travail en respectant un certain nombre de points :
1. Eviter de tomber dans le jeu de l’hyperprésidentialisation de Sarkozy. Le Président de la République sera sur les écrans tous les soirs. Pour lui, c’est une campagne électorale en boucle, une vampirisation de l’espace médiatique. Je conseille au PS de se mettre en retrait pour éviter le piège avec intelligence : ce n’est pas avec une simple stratégie d’opposition que le PS sera en mesure de l’emporter en 2012 mais avec un projet propre, audible.
2. Nommer les avancées en termes de clarification. Mener rondement cette auto-critique que les Français se sont chargés de faire puisque le PS regardait ailleurs.
3. Donner un sens symbolique fort au renouvellement espéré : lutter contre les cooptations systémiques, favoriser le retour du débat dans les sections en invitant les intellectuels et les experts à façonner un projet de société tourné vers 2020, changer de posture…
4. Lister les réussites concrètes, dans le secteur associatif, au sein de la société civile, dans les pays européens, pour tisser, au fil des jours, un projet de société réintégrant l’humanisme dans le libre échangisme économique.
Car le Parti socialiste n’a pas seulement perdu une élection en 2007. Il a perdu une perspective de l’avenir, un manuel pour l’appréhender.
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