Il y a un côté néronien chez François Fillon. Une tentation mal contenue de faire de la victoire de la droite le lieu d’une démonétisation radicale de la gauche.
Le tsunami sarkozyste a tout emporté. La France émotive boit les paroles de l’homme de la rupture. La gauche est en lambeaux, bredouillant une encyclique autour de la dépouille de ses archaïsmes, gauche inaudible, cachant ses failles derrière le discours ségolisé de l’enthousiasme grégaire, une boyscoutisation d’un lexique fragilisé qui, en l’état actuel, s’apparente au discours d’un entraîneur à une équipe dont il sait qu’elle va se prendre une rouste sur le terrain des réalités.
Mais François Fillon s’en fout, il mitraille le corps du mort avec la gourmandise d’un serial killer, comme si le sang versé au soir du 6 mai ne lui suffisait pas. Alors que Sarkozy débauche les tauliers de la pensée moderne de gauche, alors que son président, avec habileté, récupère l’ingéniosité d’une pensée de gauche empêchée de gambader à l’air libre par la maladie de Solferino, Fillon pratique la torture sans anesthésie.
Ce serait de bonne guerre si le malade PS était en cours de rémission. Mais ce n’est pas le cas. Le rendez-vous chez le spécialiste de la revascularisation du discours est prévu pour l’après législatives. Il faut donc inviter Fillon au calme, à la sérénité. L’inviter à se détourner du gore politique.
La gauche est en miettes et un bon tartare au saumon tient à la qualité de son hachement. Les bons hachoirs ne doivent pas être mis entre toutes les mains. M.Fillon, calmez-vous, vous avez réussi à écrabouiller le socialo-chiraquisme que vous abhorrez. Gardez vos énergies intactes pour relever le défi de l’avenir de la France. Et profitez d’un bon week-end avec votre épouse galloise, dont les mots exhalent une douceur élégante.
Les petits Néron sont toujours les plus dangereux : ils veulent imiter le maître sans en posséder la cruauté. Revenez à ce que vous étiez : un homme de bon sens, structuré autour d’un gaullisme de réenchantement.
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